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Devour 
2019 - 2023

« Devour » porte sur l’arrivée au monde de Bébé, sur la relation mère-enfant, sur l’idée qu’à un certain moment, l’enfant va envahir tout l’espace, l’espace réel, l’espace psychique et, finalement, l’espace du cadre photographique.

 

J’ai commencé ce projet au cours de ma grossesse. Seule, isolée pendant le premier confinement, je réalise quelques autoportraits et photographie des natures mortes. À ce moment, le sujet de l’alimentation prend une place importante. Des envies s’imposent à moi, des besoins qui sont très différents de ma vie d’avant. J’ai ressenti très fort cette dépendance à la nourriture. Surtout durant le premier confinement quand les gens se ruaient dans les supermarchés alors que j’avais du mal à me déplacer. Plus tard, je vais me rendre compte que l’alimentation va aussi rythmer mon quotidien avec Bébé.

 

Mais à la naissance, tout change encore plus profondément. Mon équilibre a complètement changé. Celui de mon corps bien sûr, mais l’équilibre de ma vie a basculé aussi. Je ne suis et ne serai plus jamais seule. Mais, et c’est très paradoxal, je me sens très seule.

 

Je me photographie en interaction avec Bébé. Il est complètement flottant, sur un fond neutre, détaché. Il n’a que quelques semaines. Il est totalement dépendant de moi. Pourtant, il va prendre de plus en plus de place. Mon travail porte justement sur cette prise de conscience, ce moment où, alors que je cherche à maîtriser les choses, je m’aperçois qu’en fait, je ne maîtrise rien. Que, quelque part, vraiment, oui, ça s’impose à moi.

 

Bébé grandit et je l’observe. Il commence à découvrir son environnement et construit des empilements d’objets. Cela m’inspire cette sculpture photographique avec la poudre de lait ou celle avec des médicaments qui fait référence à une période de maladie de Bébé. Une gastro-Covid qui a été longue et très éprouvante.

 

J’ai aussi intégré à ma série des captations du film « Sunshine » de Danny Boyle. C’est l’histoire d’astronautes envoyés en mission pour sauver le soleil. Ils vont être tellement happés par cette lumière qu’ils vont faire abstraction d’eux-mêmes pour que l’humanité vive. Ces images font justement écho à ce bouleversement psychique et physique de l’adulte qui devient parent et qui s’oublie pour le bien-être d’un autre.

 

Bébé a deux ans et demi maintenant. Il n'en fait qu'à sa tête. Je laisse apparent des interstices, des moments où Bébé prend le contrôle de la prise de vue. Il tourne la tête, son attitude m’échappe. Il sort du cadre. C’est un être à part entière.

Octobre 2022

Véronique L’Hoste

A voir sur VIMEO
DEVOUR film photographique

Durée : 8mins10s

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